Passages
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Après. l'été. elle est au
sud.
au bord de la mer .
chaque jours . jusqu'a la nuit.
la mer parle .
parle .
lumières et vents mêlés.
la voix cogne glisse
Guetter les signes illisibles échappés de lumière. furtifs.
chasser .
elle écoute la voix
suit
aveugle
vient revient
butte.
Voir. les allures immobiles. e1le croit. elle pense .
La sécheresse brûle . âpre. les veines. dévore . le sang.
pierre. ligne pure .
résister.
le fil du rasoir
elle résiste |
les signes
refluent .
le souffle inverse du retrait .
la mer parle
parle
pas d'horizon
mutation .sans matière . la proie déporte le chasseur.
forces rompues . la mer 1a mer . e1Ie et rien. rien et rien.
pas de vent
il est malade .au lit seul. c'est 1'après midi sombre. il joue avec
Les grands ciseaux. il découpe . il neige . il a découpé les
sourcils.
Après elle vient pour le garder . e1le crie . elle rit.
il est sorti du jardin . dans la rue pour voir . ils lui ont tiré
dessus. avec une carabine à plombs. ça fait mal . il est rentré .
La maison est sur la colline. elle reste dans le jardin.
la mer est loin. irisée. elle n'entend pas. elle ne sent pas.
e1le dort sous le pin. l'ombre est chaude et claire . el1e préfère.
e1le est dans la chaise longue. i1 y a le livre ouvert par terre.
les lunettes.
le soleil a tourné. il est sur la main . envahie . i1 brûle. e1le ne
s'éveille pas. elle n'ouvre pas les yeux . e1le sent Le so1eil qui
brû1e?
il y a un mur autour du jardin. un mur bas. de pierres sèches .
il y a des morceaux de verre plantés le long du faite o pour que
personne ne vienne.
personne ne peut voir.
elle dort.
Les cigales
il dort. dans le grand lit. avec l'ours.
moi. je dors dans le petit lit. les pieds dépassent.
on l'a mis au bas du grand .1e petit lit. Ca empêche La mort de
venir.
il dit. que je sois couché 1à. en travers. je crois que oui. aussi.
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cet après midi. il veut
jouer à l'école. avec les poupées et les ours.
il les prépare. il les habille . il 1es assied en rang sous la
loggia.
il fait chaud . il fait des bureaux avec des boites à chaussures.
des
cahiers avec des feuilles découpées qu'il coud au milieu . c'est
long.
puis tout est prêt. 1'école peut commencer. alors elle ne commence
pas.
il s'ennuie . il reste assis par terre . sous la loggia orage.
éclatante.
il n' y a aucun bruit.
il pense aux arbres. 1es pins. les oliviers et les cyprès.
les bateaux du vent
Le petit Zé1inski est mort. il a vu l'agitation au bout de la rue .
prés des tranchées. le petit Zelenski joue dans la terre avec
d'autres.
tout d'un coup. il a craché rouge. du sang rouge .il est parti. il a
couru jusqu'à son portail . il s'est retourné.la mère du petit
Zelenski est sorti en criant. el1e l'a emporté dans ses bras.
Maintenant
il est mort. il avait la maladie bleue. il ne comprend pas le b1eu.
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Sous la loggia
orange . à l'ombre . il a 1u un livre . c'est l'heure de
La sieste . ils dorment. il fait très chaud. au soleil.
Les acacias sont
acides. c'est un livre blanc et rose .le papier est
glacé . il l'a lu en
entier. il n'avait jamais lu un livre en entier.
il accède à chaque mot avec effort.
i1 serre chaque syllabe. l'une après L'autre . sans
oublier.
chaque syllabe jusqu'au point.
c'est comme les insectes qu'il garde vivants dans 1e
boca1.mille cailloux
vivants jusqu'au point.
et ça fait une phrase . une le phrase où il n 'y est pas
.
une phrase qu'il a trouvé lui. et où il n'y est pas. une
histoire
qu' 'il a trouvé lui . et où il n' y est pas .
il est fatigué . il y a Le silence et la chaleur. et
maintenant c'est
fini. il a envie de vomir. un peu. il va avoir une
angine peut être .
il est 1à . dans la chaise longue. les pieds pendent.
la chaleur écœure . bientôt ils vont aller à 1a mer
quand ils seront
réveillés. il Lui tarde . maintenant. il veut partir.
e11e dort dans 1a chambre fermée à clef. tout l'après
midi.
tous les jours . elle a cousu un rideau de tissu noir.
aucune lumière
ne rentre. la chambre est noire .
il marche au bord de ]a mer. il a mal à la tête du côté
du vent.
il tient un galet froid dans l'autre main .
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11 a volé l'argent qui
était sur la machine à Laver. il va à l'épicerie
de la route nationale. acheter des bonbons. elle est demière lui.
elle
a surgi. elle menace de yeux . elle ne dit rien. il part en courant.
elle Le dépasse en vélo. elle menace des yeux . à La maison . elle
ne dit rien.
il est assis par terre . elle passe . il la regarde .
elle est gracile on dirait une petite fille grande . les bras
maigres.
les coudes pointus . des robes de dame.
Le visage est pâle . sans transparence . les traits immensément
délicats .
et Les yeux bleus . clairs . unis . il y a des ombres grises.
inquiétantes
dedans. et les paupières Lourdes . elle rit un rire Léger qui cingle
.
il voit que c'est une enfant dangereuse . secrète . avec une
fragilité
cruelle. elle Lui fait peur . mais il L'aime .
i1 y a dedans elle . quelque chose qui est loin . avant La voix .
avant Les yeux . dans les gestes aigus des bras maigres. dans le dos
droit . Les épaules étroites et creuses . comme un être d'avant elle
.
qui n'y est pas .
Le mal revient . traverse . sans feu sans Lieu . arraché .
elle est dehors . l'été .la nuit dans IA ville . avec d'autres.
exile rit . elle regarde 1a nuit . les lumières.
elle est gaie . légère .
La nuit finit
pâle
l'amour à L'amour s'use
le mal part
terne
rien ne manque. rien
ne manque à rien.
la fin à sa place juste
nulle part
le souffle inverse du retrait .
l'aube vague
vogue sur l'eau contraire.
la fatigue . est ce songe creux .
qui baigne les yeux de l'âme .
la nuit
pas d'étoiles .
Les réseaux d'aiguilles où glissent les ombres.
on ne peut pas suivre les chemins du vent.
La rue monte sur La colline .
noire d'ombre .
1a p1ace. en plein solei1. soudain.
rien. 1a poussière et quatre bancs verts .
ouverte . sur la mer et le cie1. à son flanc.
la lumière est crue . il y a un grand silence .
un désert dans la ville .
la poussière tourbillonne .
1a mer bril1e brille . le ciel est b1eu.
des enfants jouent au ballon.
1a poussière tourbillonne . 1e vent emporte les cris .
une femme passe sur le ciel.
i1 n' habite plus la grande maison. i1 l' a abandonné .il s ' est
rapproché .
il reste dans son 1it. les rideaux noirs sont bien tirés.ils le
protègent de la lumière. de 1a chaleur. on n'entend pas 1a mer
elle est loin. il prend les pilules . il a une boite bleue qui sonne
aux heures. ça l'amuse .
il dit " je ne suis pas encore mort "
Elle l'empêche de sortir dans la rue. jouer au ballon.
avec les autres .elle ferme le portail à c1ef. il les regarde jouer.
derrière 1e grillage . ils se moquent de lui.
Anouk Acier est morte . il est allé la voir. elle est dans son Lit.
il a regardé vite . II a juste vue une bosse bleue sur la tempe .
après il est parti.
la voiture est rentrée dans une autre voiture .
Elle est venue Le voir. il est venu la chercher à la gare . Il est
brun . maigre . Il est gai .
IL a la fièvre . IL voit Les atomes du sang derrière les paupières
fermées. les milliers et les milliers d'atomes du sang . il ne peut
pas
Les saisir du regard .c'est contre 1es yeux . c'est immense comme un
ciel rouge . hors du monde . IL dit que c'est Là qu'il est avant
qu'il
naisse . il ne peut pas se souvenir . c'est trop contre Les yeux .
le vent s'est levé . hurle . se tait . fureur. silence.
le vent incise .
la pensée foudroyée . au métal blessé des membres.
la rue se vide d'une image sans corps . broyée.
extrême immobile . elle s'absente.
L'ombre juste du vent .
les murs figés disparaissent en lumière.
le vent désosse.
LES arbres agrippés à La terre.
le ciel net . résiste . la mer froide.
le bleu
précis
le vent est la cassure des veines . La coupure des yeux avant les
yeux.
il remet le monde au saccage .
à la force du fouet . il donne l'obscurité des maisons glacées.
les ténèbres de L'emmurement.
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i1 dit
j 'aimais une femme qui ne m 'aimait pas . cela arrivait souvent .
je l 'ai
suivi longtemps . el1e se dérobait toujours . j 'épousais La fuite
en un geste
sans fin. mon image guerrière ne venait pas . celle qui d'habitude
me
sauvait toujours . le rasoir. je tranche d 'un geste rapide et pur
Le visage aimé . alors il déserte ma pensée pour toujours. mon image
guerrière ne venait pas . une grande fatigue arriva . un apaisement
sans origine . une peine douce se mit à couler dans mes veines et
j ' allais mourir
Les pins . sont les vaisseaux des anciens dieux ?
peut-être ils naviguent sur la tene comme au ciel. peut-être juste
sur la terre .
ils sont comme une ville aussi . une place d 'arme. une cathédrale .
Le vent est tombé . il laisse une plage dure. une mer acier.
le matin . il va à l 'école derrière le vélo . sur le petit siège .
une fois il a mis le pied dans les rayons . La cheville s 'est
cassé.
e1le dit. quand il nait. il y a un chat dans la maison . tigré.
le chat reste sur une chaise prés du berceau. jusqu' 'à ce qu' 'il
marche.
après . il s 'en va . il se bat avec les autres chats . il se fait
écraser loin de la maison . Sur la route du cimetière vieux .
Didier Pondeville a pris un caillou dans la tempe avec une fronde.
il saigne . i1 a peur qu'il meure comme Anouh Acier.
elle ôte ses lunettes . un geste vague . fatigue . une résignation
lente. pourquoi. un soupir lourd n'affleure pas .
la lassitude s 'étale. le visage se noie . le regard.
L'hiver . les pères se mettent sur le pas de la porte . à l'heure du
diner. à huit heures.ils sifflent pour appeler ]es enfants . ils
sifflent
et les enfants ne viennent pas . ils restent cachés.
il apprend à jouer du piano . c'est le contraire de lire . ce n 'est
pas
difficile .
journées de feu. vent de feu.
Les garrigues brûlent. la mer glacée .
la plage dure . le sable vole griffe .
l'été traverse fou.
court circuit.
exige un calme enragé .
les maisons cernées.
l'obscurité se tend . Le sommeil est un roc . on casserait les
poings .
Il se réveille . il a fait un cauchemar . il a peur . il ne sait pas
où il est dans le noir . il crie .
il appelle . elle vient . il dit qu'il ne veut pas qu'elle meure .
elle rit .
il pense . il est intelligent . laid . gentil. il n'est pas que ça .
il
regrette . Il dit est ce que je vais mourir. il croit . Il pense .
quelque fois il a peur . souvent i1 est bien parce que c'est sûr .
il n'attend plus . c'est grand un grand repos . il est curieux . il
se
demande comment ça sera . une Lueur rapide ? i1 ne faut pas qu' 'il
y
pense trop . sinon il ne verra rien.
il traverse La souffrance de part en part. du nord. au sud . il
crèvera
la coquille . il émergera oiseau . nouveau né . sans regard .
L'enfant se sent fragile ce jours là. il a un vide au ventre .
1éger.
aussi i1 court. il veut aller dans ses bras . el1e ne dit rien .
bois sec . Lisse . chaud. vide dedans . immobile et vieux . avec les
os
autour . blancs .
il se sent une fleur petite.
il sort de cet amour comme d'un coma . L'esprit lisse . de La
blancheur du Lait .
La mer abandonne de longues vagues jusqu'au bord de ses pas .
puis se retire . elle laisse à ses pieds une écume légère et sale .
docile comme un animal .
elle dit . je suis une femme angoissée . elle perd ses lunettes .
mais mains l' encerclent . se posent . croisées sur les épaules.
bien à plat . elle devient dure . carapace sèche .
elle ne voudrait pas . e1le est vieille .
le vent . il souffle en rafales courtes .
extrêmes . il se casse au silence . il est cerné . il est mal . la
maladie ne respire pas . elle étouffe .
il faiblit.
il dit qu'il va mourir . pieds Liés . poings Liés . sans rien voir .
sans rien voir du tout ; comme au cinéma . le grand dos d'un adulte
devant.
l' ombre du vent obscurcit sa vue .
une rafale siffle . brève .
les pins sont barques et coquillages aussi . fragiles cassants .
Le vent maitre .
i1 est tombé dans la froideur de l'eau . replié.
La mer fermée.
le vent a laissé derrière 1ui une douceur de plume .
il y a un calme d'après 1e monde . le monde évidé .
le silence est haut . chaque son détaché . puis mort.
chaque son est un geste clair.
un repos de feuille au vent.
le vent a emporté . nulle part . où on ne sait pas .
invisible . illisible .
le vent .
Le feu. le vent a déclaré des feux . des fièvres
MR 1998
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sans rien voir du tout ;
comme au cinéma . le grand dos d'un adulte
devant.
l' ombre du vent obscurcit sa vue .
une rafale siffle . brève .
les pins sont barques et coquillages aussi . fragiles cassants .
Le vent maitre .
i1 est tombé dans la froideur de l'eau . replié.
La mer fermée.
le vent a laissé derrière 1ui une douceur de plume .
il y a un calme d'après 1e monde . le monde évidé .
le silence est haut . chaque son détaché . puis mort.
chaque son est un geste clair.
un repos de feuille au vent.
le vent a emporté . nulle part . où on ne sait pas .
invisible . illisible .
le vent .
Le feu. le vent a déclaré de feux . des fièvres |
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