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Visage et paradoxe
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Filmer – refilmer |
obstinément |
inscrire ,lire
, réinscrire la figure |
la lumière gagne et
l’obscurité . |
à répéter les gestes ,
scruter , ressasser , |
le visage s’altère , |
clartés et ténèbres se
frayent un passage , |
la figure se trouble ,
|
advient ce qu’elle est de
turbulences et de tensions , |
écartelées d’ombre à
lumière. |
Ouvrir le diaphragme.les
couleurs s’évanouissent et réapparaissent à fleur |
des yeux – des bleus à
peine venus, avec un grain très fin , lentement se |
densifiant , se font nuages
– des tensions électriques de blancs tombent au mat – |
des transparences
jaillissent en éclats , percent le regard – |
repoussent comme le fouet –
des pans de bleus se décollent lentement du vide . |
ouvrir encore : Zeis 1.1 |
blanc sur blanc – voyage de
la trace à peine marquée – |
reviennent des bleus du
ciel – quelques rouges très froids extrêmement légers – |
des verts d’eaux ,celle des
mares et des étangs , ternes lointains , rares , |
éphémères et trop lourds –
sombrent vite - des masses de fleurs parmes et floues – |
et plus rien – des vents de
sable – fracas de bleu mer – puis plus rien |
figure glissée disparue |
des signes enfuis par delà
, au-delà |
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Le geste de retenir ,
de revenir |
mémoire |
inscrit la fuite ,
dérobe le sens . |
la figure allant à la
lumière seule glisse entre les doigts |
eau sable
s’enfouit s’évanouit |
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des troubles – des
pertes – et quelques séismes – |
de générations en
générations |
le contour s’effritant
, le trait , la matière monte , les molécules s’efforcent |
à des opacités et des
lueurs de pierre |
le visage se troue de
lumière pure |
sombre s’envole |
un grand écart : |
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l’image précaire du
cinématographe opère la trajectoire |
reçoit le signe et le porte de
la respiration des pierres |
au trou noir de la lumière pure |
une traversée |
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inscrire , lire , inscrire
encore |
multiplier les gestes |
la figure donnée à la lumière |
l’accumulation sculpte , creuse
l’image , ouvre les temps |
la pellicule est une mine |
l’écart se creuse encore ,
distend le grain , disjoint opacités et transparences. |
les couleurs brisées , débris ,
éclatées |
cristaux dans l’ombre , ors et
jades de nuit , précieux métaux |
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les ombres épaissies se diluent
ou s’ensablent |
la trace |
des clartés montent au ciel
dans d’incommensurables altitudes |
les battements flamboyants du
temps déchirent la toile et percent |
la pâleur du visage en lambeaux |
demeure une aura de fine
poussière bleu mer |
la fine poussière bleu mer ,
poudroie , pulse rayonne parfois |
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la tentation d’y aller , lire ,
écrire et lire encore |
il y faut tout le
cinématographe , tous les outils : les projecteurs , les caméras
|
les objectifs et toutes les
focales , et toutes les vitesses 1 2 4 6 24 32 et 64. |
et les visionneuses manuelles ,
les pellicules , les papiers calques très fins |
70A , les plaques de verre |
des pièges , des sas , quelques
téléviseurs pour capturer le grain |
le cinématographe de la main
|
la main prend la lumière |
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les gestes réitérés de
l’inscrire vouent la figure à la dévoration |
la multiplication évide ,
sature et troue , |
la fourgue au temps |
et elle se tend , et ,
traversée , se fait chemin |
érosion |
le ressassement ouvre les temps
. il cogne , bat , temps allant |
il tourne , retourne et la
figure est tout à la fois la proie et le chemin , |
aspirée dans la spirale ,
tombant de spire en spire , corps de lumière tourbillonnant
sur lui- même |
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éroder , sasser , faire place ,
ouvrir , creuser , trouer , un boulot de |
prolétaire |
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filmer refilmer |
mémoire en son voyage
|
ce qui part ce qui reste , ce
qu’il y a entre ce qui part et ce qui reste… |
arpenter l’image encore et
encore |
marcher le chemin en suivre les
flux |
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Mener le film au plus
loin . |
Des dispositifs
délicats et rudimentaires : verre , papier , miroirs , et lampes
encore. |
fragiles , instables , |
visionneuse : tourner à
la main , déclencher , dérouler en avant , en arrière , |
très lentement puis
très vite . passer de 2 à 64 images par seconde à la |
caméra , projecteur : 3
images.. |
et la lumière fait son
œuvre , détruit les sels d’argent , au début c’était |
des sels marins , ça
avait quelque chose à voir avec la mer |
la lumière transmute |
marque l’empreinte |
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ça bat , ça griffe , frémit ,
tremble , saccade |
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séquence : l’image d’une
douleur sauvage , puis d’un sourire lointain ; |
passe une petite fille aux
souliers rouges |
la lumière a tracé. |
Refilmer , |
alors le temps qui en est le
souffle , désigne le chemin comme une main tendue , par là…. |
passer par là – où ça va ? |
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Aller pas à pas |
la douleur au paroxysme du
blanc ; exacerbée s’évanouit , les souliers rouges |
voguent dans l’air |
refilmer , aller dans les
traces , suivre la piste |
comme dans une forêt profonde |
comme dans le désert horizontal |
pas a pas |
la figure se dérobant , laisse
place à sa pulsation lumineuse , devient le |
cœur battant du temps qui la
traverse |
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les couleurs effleurent ,
déchirantes , caressantes |
les souliers rouges deviennent
étoiles filantes , |
créatures venues de leurs
propres traces |
et la lumière creuse , creuse
|
évasion , évanouie , envol. |
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un ressassement précis ,
instable , compliqué et très précaire |
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et la lumière passant par les
ténèbres en extrait des cristaux immobiles de pierre et |
de métal , des lueurs
dangereuses |
|
agencer délicatement ces
châteaux de cartes bohémiens , ces campements |
nomades , ces délicatesses de
miroirs et de papiers tendus entre deux livres |
veste noire pour charger la
caméra |
lampe électrique pour veiller
au métrage |
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Lire relire ,jusqu’à se laisser
aveugler , |
Se laisser aveugler jusqu’à
trouver la piste . |
Lire et relire par tous les
temps , |
Naviguer entre – temps -
oublier - |
puis relire encore. |
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et les signes filent au vent ,
incrustés , effacés , surgis , emportés , |
sur les fragments d’une spirale
sans fin , par le langage nu et sans |
décors d’une navigation
tronquée. |
La mémoire incessamment se fait
, et se défaisant va comme la mer , |
chaque page s’écrivant ,
s’effaçant , s’écrivant encore |
le voyage est infini |
la piste à perte de vue
|
se dérobant |
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M.R. mai 2002 |
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